Les interactions au sein de l’économie à la loupe : le modèle Avionic

TES méthode française

 

Le tableau des entrées-sorties (ou TES) rassemble dans un même cadre comptable, les comptes de biens et de services par produits et les comptes de production et d’exploitation par branches. La méthode française du TES est différente de celle des autres pays. D’une part elle élabore un TES en branche pure et non en branche d’unité d’activité économique locale (UAEL) voire en unité légale, qui peuvent avoir des activités secondaires. Il n’y a donc pas de lien entre les deux unités mises en évidence dans les manuels internationaux : l’UAEL et l’unité institutionnelle (et par voie de ricochet pas de comparaison possible avec les TES étrangers du moins en colonne). Mais d’autre part, elle s’est appuyé jusqu’à présent  sur l’élaboration assez minutieuse d’équilibres-ressources-emplois (ERE).

L’approche par les ERE présente un avantage certain pour identifier les nombreux flux de produits. Par exemple, les tracteurs sont des biens d’équipement qui sont utilisés dans l’agriculture. Lorsque l’on élabore les ERE à un niveau détaillé (327 produits en France), il est donc souvent possible d’attribuer la fourniture d’un produit particulier à un seul usage domestique. Des spécialistes de leur domaines (RSP in French) élaborent ces ERE.

La méthode des ERE  est moins sophistiquée lorsque l’un des emplois doit être estimée comme un élément d’équilibre comme en France. Souvent, certaines données sont très bien connues et peuvent être élaborées dans la classification détaillée, par exemple les importations, les  exportations, les taxes et les subventions, les produits et parfois les dépenses de consommation finale.  Dans la pratique, la consommation intermédiaire est souvent calculée en tant que poste d’équilibrage s’il n’y a pas de formation brute de capital impliquée.  En revanche, si la formation de capital est concernée, il est possible de  il est possible d’effectuer une première répartition entre la formation de capital et la consommation intermédiaire, et de l’affiner lors du processus d’équilibrage général (« effets-lignes »)

Les TES  fournissent un cadre comptable dans lequel la méthode d’élaboration des comptes nationaux par les ERE  peut être systématiquement exploitée. Les TES intègrent différentes approches. Ils intègrent le calcul du PIB par branche (approche verticale) et l’approche des ERE (approche horizontale).. S’il est difficile de ventiler les intrants intermédiaires par produit, une approche par les ERE  peut être suivie. Cette approche permet d’équilibrer l’offre et l’emploi sur une base annuelle régulière, même lorsque l’on ne dispose pas d’une base de données complète.

 

The supply and use table (TES in French terminology) brings together in a single accounting framework the accounts of goods and services by product and the production and production and generation income accounts by branch. The French SUT method is different from that of other countries. On the one hand, it draws up a TES by pure branch and not by local economic activity unit (LEU) branch or even by legal unit, which may have secondary activities. There is therefore no link between the two units highlighted in international manuals: the Local kind of activity unit and the institutional unit (and by extension no possible comparison with foreign SUTs, at least in column form). But on the other hand, it has so far relied on the rather careful compilation of commodity flow methods by products (équilibres-ressources emplois – ERE – in French).

The commodity flow approach gives a clear advantage in identifying the many flows of products. For example, tractors are capital goods that are used in agricultural industries. When compiling commodity flows at a detailed level (327 products in France), it is thus often possible to allocate the supply of a particular product to only one domestic use. Specialists in their fields (RSPs) compile these commodity flows by product.

The commodity flow method is less sophisticated when one of the uses must be estimated as a balancing item. Often some data are very well known and can be elaborated in the detailed classification, e.g. imports, exports, taxes and subsidies, and products, and sometimesfinal consumption expenditure. In practice, intermediate consumption is often calculated as a balancing item if thereis no gross capital formation involved . On the other hand, if capital formation is affected, it is possible tomake a first split between capital formation and intermediate consumption, and to refine it during the general balancingprocess (« effets-lignes » in French terminology).

The TES provide an accounting framework within which the commodity flow method of compiling national accounts can be systematically exploited. The central supply and use tables integrate various approaches. They integrate the calculation of GDP bypure branch (vertical approach) and the commodity-flow approach (horizontal approach). If it is difficult to break down intermediate inputsby product, a commodity flow approach may be followed. This permits the balancing of supply and use to be undertakenon a regular annual basis, even when intermediate consumption can not be analyzed with the same frequency for eachindustry according to its cost structure.

 

 

«Les comptes de biens et de services donnent les équilibres entre ressources (production et importations) et emplois (consommation, formation brute de capital fixe, acquisitions moins cessions d’objets de valeur, variation des stocks, exportations) par produits. Les comptes de production et d’exploitation par branches permettent de mesurer la valeur ajoutée brute des branches (c’est-à-dire leur apport productif) et leur excédent brut d’exploitation ainsi que leur revenu mixte brut. L’ensemble de ces informations fournit une image synthétique de l’économie nationale, de l’interdépendance entre les branches qui la constituent et des liens entre l’économie nationale et le reste du monde», Insee

« Une unité d’activité économique (UAE) locale regroupe l’ensemble des parties d’une unité institutionnelle en sa qualité de producteur qui sont situées en un lieu unique ou sur plusieurs sites proches et qui concourent à l’exercice d’une activité du niveau «classe» (4 chiffres) de la NACE Rév. 2.  Une UAE locale est identifiée pour chaque activité secondaire. Toutefois, en l’absence des documents comptables nécessaires pour décrire séparément chacune des activités secondaires, une même UAE locale pourra en exercer plusieurs. Toutes les UAE locales qui exercent la même activité ou des activités proches sont regroupées au sein d’une branche d’activité.  Pour l’analyse des processus de production, on a recours à une unité d’analyse. Cette unité n’est observable que si une UAE locale ne fabrique qu’un seul type de produit et n’exerce aucune activité secondaire. Elle est appelée unité de production homogène (UPH). Les regroupements d’unités de production homogènes constituent des branches homogènes. » SEC 2010, paragraphes 1.58 à 1.60

 

 

Sommaire

I – EXEMPLE D’ERE

II – LES DONNÉES EXOGÈNES

III – COMMENT EST ÉLABORÉ LE TES ? UN PROCESSUS ITÉRATIF

IV – LES COMPTES D’EXPLOITATION PAR BRANCHE (CEB)

V – L’ORGANISATION TEMPORELLE : LES TROIS COMPTES

VI – LES DIFFÉRENTS MOMENTS D’UN COMPTE

VII – L’EXEMPLE DE LA MÉTHODE EN FRANCE : LES DONNÉES DE BASE

VIII – CALCUL DE LA PRODUCTION

IX – L’ÉLABORATION DES ERE

X – LE TES DE L’ANNÉE N

 

Résumé

° La méthode française a plusieurs spécificités. Elle élabore d’abord un du TES en branche pure plutôt qu’en secteur d’activité ou branche d’activité principale dans les autres pays. Ceci présente néanmoins certains avantages :

  • meilleure estimation des comptes trimestriels (ainsi dans une régression économétrique à partir des immatriculations de véhicules, variable endogène, la production de la branche automobile, variable exogène, est mieux estimée que celle du secteur d’activité automobile qui comprend des activités secondaires de services qui n’ont rien à voir avec ces immatriculations),
  • rétropolation de séries longues jusqu’en 1960 ou 1978 que ne font pas la plupart des pays (1995 seulement),
  • assez bonne gestion des changements d’activité des entreprises (code APE),

 

° La méthode française est en outre fondée sur le calage du PIB de l’approche « revenu » tout en  élaborant des équilibres-ressources-emplois (ERE) assez minutieux [1] (les nombres entre crochet renvoient à la bibliographie en bas de page). Sans remettre en cause le principe de faire un TES par branche pure plutôt que par secteur d’activité, cette méthode a changé sensiblement par rapport à celle de la base 95, en s’écartant en même temps des méthodes de plusieurs pays qui privilégient les approches production et demande  [2], [3], [4]. Le TEI a été revu en base 2000 en intégrant un maximum de « cases fixées » [5], [6].

° Nous donnons un exemple fictif d’ERE de l’acier et son intégration dans le TES.

° Puis, on présente les étapes de calage du TES sur l’approche « revenu ». 

° Enfin on présente la méthode française complète, partant de l’année (n-1) avec les ERE de l’année (n), le TES, le calage sur le PIB de l’approche revenu et la résolution des « effets lignes » et des « effets colonnes » pour aboutir à un TES final de l’année (n).

 

 

 

 

 

 

I – EXEMPLE D’ERE

Dans cet exemple, l’ERE d’un produit et le compte de production de la branche d’activité correspondante sont calculés. Le produit est l’acier et les valeurs sont données en millions d’euros (m EUR). On suppose que la production d’acier est produite par une unité d’activité économique locale, qui outre l’acier, a deux productions secondaires et un «sous-produit» :

– L’électricité (par l’utilisation du gaz de haut fourneau): une grande partie est vendue sur le marché et une petite partie est consommée par l’unité d’activité économique locale de la branche d’activité de la sidérurgie (livraisons intra-établissements non vendues).

– Produits de la construction : ces unités réalisent de grands travaux d’entretien et de réparation sur leurs installations pour elles-mêmes (production pour emploi final propre).

– Les scories sont un sous-produit de la production d’acier. La méthode française est fondée sur le calage du PIB de l’approche revenu et sur l’élaboration d’ERE minutieux, deux atouts. Nous donnons un exemple fictif d’ERE de l’acier.

Des enquêtes économiques auprès des entreprises et des enquêtes de production, nous avons les informations suivantes:

Quantités:

– Production: acier (11 tonnes), scories (2 tonnes), gaz (500 m3), électricité (2000 millions kWh).

– Variations des stocks producteurs : acier (+1 million de tonnes), scories (+0,1 million de tonnes).

Valeurs (en m EUR)

– Chiffre d’affaires: acier (9500 dont 100 de taxes sur le produit), scories (38), électricité (160).

– Achats sur consommation intermédiaire (6500)

– Variations de stocks sur achats (500) = (500-0)

Au moyen de calculs « ad hoc » supplémentaires, il est possible d’estimer

– Valeur de la part de l’électricité produite et non vendue en tant que intra-établissements (40)

– Valeur de la production pour compte propre dans la construction à traiter comme FBCF (350)

Nous supposons ici que nous ne connaissons pas les variations des stocks d’acier en valeur chez les producteurs. Il faut donc l’estimer en multipliant l’évolution du stock de producteurs (1 tonne) par le prix moyen de l’acier (9500 € / 10 = 950 €).

Les importations sont de 1200 (CAF) et les exportations (FAB) de l’acier sont de 2000. Concernant les importations, par souci de simplicité, nous retenons la valeur du transport entre les frontières à 30, dont 10 sont réalisés par des résidents et 20 par des non-résidents.

D’après les enquêtes, nous savons que la moitié de l’acier vendu sur le marché intérieur est distribué par l’industrie du commerce de gros dont les marges représentent 20% du prix de base de l’acier. L’autre partie est directement vendue des producteurs aux utilisateurs. Les produits exportés sont également vendus directement par les producteurs. Les marges de transport, c’est-à-dire les frais de transport payés directement par les acheteurs, sont estimées à 100.

Une enquête sur les consommateurs d’acier indique une variation de leurs stocks de 600 (variation de stock utilisateur).

Le taux de TVA sur les produits en acier est de 20% du prix hors TVA. Les unités institutionnelles soumises au système de TVA peuvent déduire la TVA de leurs achats. Les achats de produits sidérurgiques par des unités non assujetties au système de TVA s’élèvent à 480. Le montant inclut donc la TVA. Il n’y a pas de taxe, autre que la TVA, sur les importations.

 

1) Ressources

De cette information, il est possible de calculer le flux de produits en acier.

a) Production au prix de base = chiffre d’affaires + variation des stocks – taxes sur le produit, incluses dans le chiffre d’affaires .

10 350 = 9500 + 950 – 100

b) Importation = 1200 € et droits d’importation = 0

c) Marges commerciales

Calcul de la valeur de l’acier vendu sur le marché domestique (hors marges)

Chiffre d’affaires (9500) + importations (1200) – exportations (2000) = total (8700)

Marges commerciales 10% = 870

d) Marges de transport = 100

e) TVA sur les produits et taxes sur les produits

Le montant des achats d’acier par les unités productrices non assujetties au système de TVA est égal à 480 (ce montant inclut déjà T.V.A). Le taux de TVA applicable à l’acier (sur les prix hors TVA) étant de 20%, la TVA s’élève à 80 (= 480 * 0,2 / 1,2). Nous devons ajouter également le montant des taxes sur les produits à la valeur de l’offre au prix d’acquisition (100).

Total ressources en produits sidérurgiques (au prix d’acquisition) = production au prix de base + TVA + autres taxes sur les produits + importations + marges de commerce + marges de transport).

12 700 = 10 350 + 80 + 100 + 1200 + 870 +100

 

 

2) emplois

Exportations = 2000

g) Variations des stocks : chez les producteurs = 950 € et chez les utilisateurs = 600 €

h) Si nous supposons que les ressources totales sont égales aux emplois totaux nous pouvons déduire le total de la consommation intermédiaire :

12 700 – 2000 – 950 – 600 = 9150 (ressource totale – exportations – variations des stocks producteur et utilisateur)

En pratique, d’une année à l’autre, nous pourrions également équilibrer les marges commerciales ou les variations des stocks si nous disposions d’informations à propos de la variation de la CI d’acier.

 

3) compte de production de la branche sidérurgie

Enfin, nous calculons les comptes de production de l’industrie sidérurgique :

La production est égale à (10 350 + 38 + 160 + 40 + 350 = 10 938) dont 38 est la valeur des scories, 160 correspond aux ventes d’électricité, 40 est l’électricité produite mais non vendue, 350 est la production pour emploi final propre de la construction .

La CI est égale aux achats plus l’électricité produite et consommée sans vente (40), moins les variations de stock sur achats (500), soit 6500 + 40 – 500 = 6040, de sorte que la VA de l’industrie sidérurgique est égale à 4898 (10 938 – 6040).

 

 

 

 

 

 

 

 

II -LES DONNÉES EXOGÈNES

La synthèse  des biens et  services est faite sur un mode itératif [7]. Le PIB de l’approche revenu sert de cible.

Les ERE sont élaborés dans un premier temps à partir des données exogènes dont les ventes de branche (première ligne de l’ERE) après que les RSP aient fait des corrections dans Esane (« Coresane »), validées par le cadre central. « Coresane » modifie ainsi soit des erreurs, soit la présence d’enregistrements qui ne doivent pas être repris au titre de l’activité productive de l’année. Il s’agit aussi d’assurer la cohérence temporelle de la ventilation du chiffre d’affaires par branche. Dans « Coresane » on prend en compte des corrections simultanément en secteurs d’activité et en branches. Ceci vise à conserver la stricte cohérence des approches « secteurs » et « biens et services » sur la production [8].

Le « haut de l ‘ERE est d’abord estimé en prenant en comptes les marges commerciales par produits qui peuvent être éventuellement reventilées en cas de difficulté d’équilibrage par un RSP à l’intérieur des produits dont il a la charge. Les autres données (importations, impôts nets des subventions sur les produits,…)  sont quasi exogènes. En fait, il existe des « exogènes durs  » et des « exogènes mous » sur lequel le RSP a une marge de manœuvre.

 

 

Les RSP déterminent aussi les emplois dont certains sont exogènes (consommation finale des ménages, variations des stocks, exportations, FBCF des APU,..). En fait, cette notion d’exogène « mou » ou « dur » est parfois fragile. Le RSP dispose parfois d’informations qui laisse à penser que certaines données « exogènes dures » posent problème et ne sont pas compatibles avec l’ERE.

 

 

Le partage « CI / FBCF » se fait souvent au prorata de l’année précédente ou à partir d’autres sources. Ce partage a surtout fait l’objet au fil des bases de passage d’une nomenclature à l’autre, et moins d’un travail en profondeur à partir de sources (enquêtes de branche par exemple).

Une fois fixée la CI de l’ERE, elle est comparée à la CI obtenue à partir de l’hypothèse de stabilité des coefficients techniques en volume, puis du calage en valeur de la somme des CI de produits par branches sur la CI d’Esane « passée » en branche (moyennant une hypothèse technologie).

 

 

A coté des niveaux G, Les RSP élaborent des ERE en niveaux plus détaillé (H). Les informations en niveau H sont moins contrôlées que celles de niveaux G. Elles ne sont pas publiées. Pourquoi faire néanmoins des niveaux H ? Trois raisons prédominent.

  • assurer la pertinence des ERE aux niveaux G, lorsqu’il y a plusieurs emplois  exemple : CF/CI
  • donner plus de détail
  • calculer des TES symétriques transmis à Eurostat.

Pour l’analyse de la synthèse et l »élaboration du TES, le niveau le plus détaillé est le niveau G.

 

 

 

 

 

 

III -COMMENT EST ÉLABORÉ LE TES ? UN PROCESSUS ITÉRATIF

Le cadre central confronte deux valeurs ajoutées (VA) : celle issue d’Esane, à laquelle est ajoutée la valeur ajoutée des autres secteurs institutionnels et celle issue des ERE (approche « demande ») où les ventes de branches sont estimées à partir d’Esane et de la matrice « passage secteur-branche ». On cale la VA de l’approche « demande » sur celle de l’approche « revenu » globalement. On détermine par ailleurs la VA des SNF-EI « passée » en branche à partir de la VA par secteur d’activité (secteur dans le schémas ci dessous). On l’additionne au VA branche des autres secteurs institutionnels. On détermine aussi les CI par branches qu’on peut confronter aux CI par produits des ERE. On ajuste en réduisant les « effets colonnes » (écart entre la CI projetée en valeur et CI « passée » en branche) (voir page Calcul du PIB dans plusieurs pays).

 

 

Le travail de la synthèse du TES est donc un outil d’analyse pour voir si il y a cohérence entre les CI des produits et les CI projetées en volume puis multipliées par les indices de prix des CI : « effet ligne ».

De même, en branche, le travail de la synthèse consiste à caler le plus possible les CI projetées en volume, puis multipliées par des indices de prix des CI, aux CI calées sur Esane en rajoutant les CI des autres secteurs institutionnels par branche  : effet colonne » (voir page Tableau entrées intermédiaires).

On distingue aussi le TEI projeté pur et le TEI fixé (où sont fixées les cases)

 

On observe d’abord les « effets lignes » (voir schéma ci dessous) :

 

Analyse du TEI (les « effets lignes »)

 

Puis on observe les « effets colonnes ».

Analyse du TEI (les « effets colonnes »)

 

On réduit au mieux les deux effets, notamment le second, en se calant sur la CI d’Esane-PAC « passée » en branche  pour un compte définitif, par exemple en fixant certaines cases comme la case diagonale du TEI quand ceci permet de les réduire simultanément.

On tient compte des cases fixées dans ce processus itératif. En raison des cases fixées, la somme des colonnes du TEI projeté n’est pas égale à la CI des ERE. Il est nécessaire de faire une reventilation sur les cases non fixé

En pratique, ces principes n’ont pas toujours été appliqués. L’effet ligne, qui doit être en général inférieur 3%, n’est plus toujours regardé car la stabilité des coefficients techniques est devenue une hypothèse trop large. Plusieurs facteurs peuvent expliquer un effet ligne important. Tout d’abord la projection est délicate : il faut être certain que les indices de volumes de la production sont bien estimés. Ensuite il peut y avoir des incohérences dans l’ERE;  Une nouvelle analyse de l’ERE s’impose sur les CI, (en valeur : vérification des exogènes, En prix : partage volume / prix des différentes opérations). Au final, même si la CI (val/vol/prix) de l’ERE est correcte, il peut y avoir un effet ligne important. En particulier, il faut regarder les productions des autres branches.

En fait, on s’intéresse surtout aux évolutions, ce qui laisse parfois subsister des effets colonnes non négligeables comme près de 800 millions dans l’automobile certaines années. Seules les évolutions de ces effets importent en cours de base. À tel point que lorsqu’une erreur d’évaluation est détectée sur les années passées, le niveau erroné est prolongé jusqu’en fin de base afin de préserver les bonnes évolutions de la VA en branche qui doivent être le plus proche possible de celles de la VA en secteur d’activité.

Par ailleurs, l’INSEE estime en fin de campagne des comptes un « ajustement statistique » pour caler globalement et par branche les comptes de secteurs institutionnels sur le TES.

 

 

 

 

 

IV -LES COMPTES D’EXPLOITATION PAR BRANCHE (CEB)

Les CEB n’existent qu’en valeur, HTD. Ils présentent une décomposition par secteurs institutionnels proche de celle qui existe dans le TEE, mais ont aussi une décomposition de leurs opérations par branches.

Les CEBs reprennent les comptes de production en valeur (Production, CI, VA) mais y ajoutent les rémunérations des salariés, les cotisations sociales, les impôts et subventions d’exploitation, l’excédent brut d’exploitation. Pour les secteurs institutionnels exogènes, c’est à dire tous sauf les SNF et les EI, les CEBs sont calculés à SGC.

Pour le CEB des ENF, c’est le responsable du PSB qui va s’en occuper une fois que les EREs HTD et le PAC sont achevés. Il reprend la production issue du PSB, les CI du TEI. Pour les autres éléments du CEB, les données proviennent toutes du PAC, qui est passé des secteurs d’activité vers les branches. Le CEB des ENF est ensuite renvoyé vers le tableau économique d’ensemble (TEE) pour la synthèse des comptes d’exploitation.

Les CEB doivent être aussi regardés de près. Ce travail est plutôt fait par l’équipe « entrées-sorties ». Il faut d’abord regarder les évolutions en valeur, volume, et prix de la production, la VA et la CI de la branche. Pour faire une bonne analyse des CEB, il faut suivre par exemple les gains de productivité du travail. Mais il faut aussi suivre 9 séries : VA (valeur, volume, prix), production et CI pour les mêmes variables. C’est à travers les graphiques suivants qu’on mesure mieux les interrogations concernant cette branche  : la VA en volume augmente assez faiblement car les prix de VA augmentent assez fortement. Mais il y a une explication : les prix de CI augmentent assez faiblement. La VA en volume calculée par le méthode de la « double déflation » augmente faiblement entre 1980 et 2009. Donc la productivité horaire du travail stagne dans la construction, voire diminue. Ce type de graphique est essentiel pour comprendre le système productif et son évolution.

 

Pour bien faire, chaque année, on devrait mettre en rapport les évolutions  de la VA et de la productivité horaire du travail. C’est ce tableau qui détermine en grande partie la qualité des comptes. Sinon on ne sait vraiment pas ce qui se passe dans chaque branche et si les chiffres sont cohérents  (heures travaillées, valeur ajoutée en volume,..). Entre 1990 et 2007, la productivité horaire du travail de la construction et des services d’éducation et de santé  était déjà quasiment stable alors qu »‘elle augmentait assez nettement dans certains services et surtout dans l’industrie manufacturière. On n’insistera jamais assez sur l’utilité du graphique suivant. Pour un compte semi définitif, il convient aussi de regarder les révisions avec le compte provisoire.

 

 

 

 

V – L’ORGANISATION TEMPORELLE : LES TROIS COMPTES

Pour une année donnée, il existe plusieurs versions du compte, qui varie selon la disponibilité des sources qui sont mobilisées. Par exemple pour avoir accès à la source fiscale sur les entreprises, il faut en moyenne un an et demi entre la fin de l’année et la livraison des données par branche des responsables des comptes d’entreprises. Ceci explique que le compte définitif de l’année n ne peut sortir effectivement qu’au cours de l’année n+2. Cependant, on se rend bien compte que mis à part les économistes qui veulent faire des séries temporelles ou les statisticiens qui voudraient travailler sur des données structurelles, ce délai apparaît bien trop long pour l’utilisateur moyen. C’est pour cela qu’il existe deux autres « versions » du compte, une version  « provisoire » à n+ 6 mois et une version «semi définitive » à n+1 an qui sont établies à partir d’informations partielles (indicateurs, sources non retraitées etc.) afin de pouvoir publier des données plus vite, et avec un intervalle de confiance minimisé.

Calendrier normal d’une campagne de comptes

 

 

 

 

 

1/ Le compte définitif

Le compte définitif est le compte pour lequel nous avons le plus d’information, et où notre source principale, à savoir les données d’entreprises issues du SIE, sont complètement disponibles. Ce compte est réalisé au niveau NES 118, ce qui n’empêche pas d’ailleurs que certains comptables travaillent à un niveau encore plus fin à 472 produits/branches. La production de ce compte commence pour la section TES vers la mi-septembre de l’année n+2 avec la confection du 1er passage au compte des ENF et du premier passage secteur-branche, pour une livraison de la plupart des exogènes aux RSPs au début du mois d’octobre. La première synthèse à généralement lieu fin octobre/début novembre. Puis les synthèses s’enchaînent jusqu’au bouclage début décembre.

 

2/ Le compte semi-définitif

Le compte semi-définitif  est produit entre décembre de l’année n+1 et février de l’année n+2. A ce moment là on dispose déjà de presque toutes nos sources, à l’exception du SIE dans sa version définitive. On n’a qu’un fichier Esane  dit « Esane semi-définitif » qui ne prend notamment pas en compte les effets de démographie des entreprises (créations/défaillances) et ne fait pas l’objet de toutes les corrections et d’analyses précises par les RSPs. Si dans un compte définitif le SIE est considéré comme un élément « exogène » (intégralement exogène en ce qui concerne la production, il ne sert que de cible globale en ce qui concerne les consommations intermédiaires), il l’est beaucoup moins pour un compte semi-définitif, la DSE ne s’engageant explicitement que sur l’évaluation de l’évolution de la valeur ajoutée, et pas du tout sur celle de la production.

C’est généralement sur ce compte qu’on a les révisions les plus importantes, car c’est le premier compte qui se fait intégralement avec des méthodes « comptes annuels ». Il n’est pas rare qu’on s’écarte alors sensiblement de l’évolution de valeur ajoutée préconisée par Esane, si l’écart entre cette dernière (qui risque d’être sensiblement la même au moment du compte définitif) et celle du compte provisoire qui est faite principalement avec la méthodologie des comptes trimestriels.

 

3/ Le compte provisoire

Les comptes trimestriels ont l’habitude de publier les comptes trimestre par trimestre à t+3 mois à partir d’indicateurs de court terme (IPI, IPC, etc.), ce qui signifie qu’en mars de l’année n+1 ils ont à leur disposition les quatre trimestres et que par somme, ils sont capables de reconstituer le compte de l’année entière. Entre temps de multiples chiffrages, souvent partiels et donc provisoires, ont été faits spécifiquement sur l’année écoulée (par exemple une première version du compte des administrations publiques, etc.). Les comptes trimestriels ont également reçu la version semi-définitive du compte de l’année n-2 et la version définitive du compte n-3, et donc peuvent améliorer leur modèles économétriques afin de prendre en compte les révisions que leur donnent les comptes annuels.

Dans ce contexte, il va y avoir une concertation et donc un arbitrage entre la somme des quatre trimestres publiés par les comptes trimestriels, améliorée par les deux nouveaux comptes fournis, et les premiers éléments dont disposent les comptables annuels sur ce que sera vraisemblablement le compte définitif. Le compte provisoire est synthétisé par les comptes trimestriels, les éléments venant des comptes de secteurs étant considérés comme exogènes (sauf pour le comptes des ENF sur lequel on n’a pas d’information à ce moment là, et qui du coup est fait à la division comptes trimestriels). Il y a une concertation sur la production entre les comptes trimestriels et chaque RSP.

 

 

 

 

VI – LES DIFFÉRENTS MOMENTS D’UN COMPTE

Un compte se construit en plusieurs semaines. La difficulté principale tient à ce que tout le monde se sert des données des autres pour produire ses propres chiffres, du coup le besoin d’organisation est assez important. Le timing de chaque compte est réglé par le calendrier de la campagne de comptes. Chaque tour de TES peut sembler identique au tour précédent, cependant il n’en est rien : chaque synthèse a une finalité bien déterminée

 

1/ Avant : l’initialisation

La phase d’initialisation ne concerne pas vraiment la synthèse, mais elle doit surveiller de près que tout soit disponible à temps. Cette phase prend les deux ou trois semaines qui précèdent la première fourniture des exogènes aux RSPs. Pour les chargés de comptes, il s’agit de la période la plus dense, ou ils réalisent le gros de leur passage au compte, c’est à dire tout ce qui ne dépend pas des EREs. Lorsque l’information provient justement des EREs, ils reprennent généralement la valeur de l’année précédente, ou bien celle de la version de compte précédente, ou bien encore une valeur arbitraire afin de ne pas trop fausser leur compte.

Généralement les délais sont assez serrés, la limite étant fixée par le calendrier par la transmission de l’ensemble des exogènes à la synthèse qui les réachemine ensuite aux RSPs. Ceci explique que les chargés de compte n’ont que très peu de temps pour vérifier leur travail et que cette vérification s’étend jusqu’à une semaine après la fourniture des exogènes : il y a ainsi une certaine perméabilité de fait de la limite de temps accordée à l’initialisation du compte. L’objectif reste tout de même d’avoir le plus de contrôle avant la transmission des données, car tout changement en cours de compte des exogènes est couteux pour les RSPs qui doivent à chaque fois rééquilibrer leurs EREs. Il faut donc pour la synthèse faire un arbitrage entre avoir la meilleure donnée possible des chargés de comptes , et ne pas bouger constamment les exogènes

 

2/ 1ère phase : les EREs spontanés

Dès le premier envoi des exogènes aux RSPs, le compte est véritablement lancé pour la synthèse et les RSPs. Pendant un intervalle de deux semaines, les RSPs vont réaliser leurs premiers EREs, c’est ce qu’on appelle les EREs spontanés : à partir des exogènes et de leurs indicateurs traditionnels, les RSPs vont faire leur EREs « dans l’absolu » c’est à dire indépendamment des autres EREs, indépendamment de ce que leur dira le TEI sur la cohérence de leur ERE, et indépendamment de l’écart entre la valeur ajoutée issue de leurs EREs et celle issue du PAC-CENF.Cette première phase de calcul des EREs est la plus longue, car c’est elle qui va déterminer les grandes tendances internes à chaque ERE, ainsi que les problèmes principaux soulevés par les exogènes. C’est aussi dans cette période que les changements d’exogènes sont les plus fréquents, il faut donc veiller à chaque fois à ce que l’information soit bien transmise du point de départ  (le chargé de compte) au point d’arrivée (le RSP) en un minimum de temps.

 

3/ La première synthèse

La première synthèse, qui doit intervenir entre deux et trois semaines après l’envoi des premières exogènes aux RSPs, est certainement l’une des plus importantes :

– C’est déjà à cette synthèse que l’on va découvrir les principales anomalies internes aux EREs (EREs non équilibrés, exogènes non respectées etc.) : il ne faut pas hésiter à avertir immédiatement un RSP avant de poursuivre lorsque l’on découvre un décalage trop important (un décalage trop important est un décalage susceptible de modifier significativement la VA issue des EREs) car plus on avance dans la synthèse, plus le nombre de gens est important, et plus il est compliqué de « retourner en arrière » pour modifier un chiffre. Si l’on veut changer un ERE, il faut le faire dès le début ce qui explique qu’en règle générale, c’est la finition des EREs HTV qui prend le plus de temps au responsable de la synthèse : plus il voit des erreurs et les corrige « en direct » avec le ou les RSPs concernés, plus les synthèses suivantes seront faciles et rapides à réaliser.

– C’est lors de cette première synthèse qu’on va déceler, grâce à l’analyse des effets-lignes, des comptes de production et des révisions entre versions de compte, les principaux « dossiers » qui vont émerger. Plus ces dossiers problématiques sont traités « en amont », moins ils causeront de problèmes,  c’est pour ça que cela vaut toujours le coup de passer plus de temps dans l’analyse de la première synthèse : reporter la résolution des problèmes à la fin d’un compte est toujours une mauvaise idée.

– A l’issue de la première synthèse, on va avoir, même de manière grossière, le montant global des arbitrages qu’il faudra réaliser sur la valeur ajoutée, sur les stocks, sur la FBCF. L’objectif officieux pour un compte définitif est de « réduire » l’arbitrage dans un intervalle de +/- un milliard d’euros autour de la VA issue du SIE. La première synthèse donne déjà de nombreux éléments sur les marges de manœuvre possibles en valeur (consommation des ménages, stocks et FBCF) . Le partage volume-prix n’est généralement regardé qu’à partir des tours suivant, une fois que l’arbitrage en valeur a été plus ou moins tranché

 

4/ La réunion de bilan du 1er tour

A l’issue de la 1ère synthèse, et après l’analyse des principaux résultats, il y a la première réunion du compte. Celle-ci tend à faire le point sur l’état du compte (principaux décalages, état du PIB, principales révisions par rapport à la version précédente, arbitrage probable). Elle permet à la section TES de donner ses consignes « macro-économiques » aux RSPs ou à SGC, de demander des éléments d’explications sur les plus grosses divergences, d’instruire les principaux dossiers. Le but est qu’à la fin de la réunion, chacun sache dans les grandes lignes ce que la synthèse attend de lui pour le prochain tour. Cette première réunion règle généralement la question de l’arbitrage du PIB en valeur à 2-3 milliards prés : « voilà la cible de PIB que l’on voudrait avoir, à partir des éléments du passage au compte, ce PIB souhaité est x milliards plus haut que le PIB qui ressort des ERE des RSP – généralement on regarde l’approche demande du PIB – qui a des marges de manœuvre à la hausse dans ses EREs ? il faut trouver au moins y milliards ». Généralement on peut ajuster la consommation des ménages de certains services, la FBCF dans le cas du bâtiment, les stocks pour les produits industriels. 

 

5/ Les itérations TES

Entre cette première réunion et la deuxième réunion (généralement pendant deux ou trois semaines) les RSPs modifient leurs EREs pour prendre en compte les principales recommandations du « point après le 1er tour », pour réduire leurs effets lignes, pour améliorer leur compte de branche. Étant donné la complexité du mécanisme du TEI, les RSPs modifient leurs EREs, attendent la prochaine synthèse, regardent l’impact de leurs modifications sur le TEI puis réajustent leurs EREs. Parallèlement la synthèse doit veiller à ce que rapidement toutes les exogènes soient parfaitement respectées dans les EREs d’un coté, et qu’elles ne bougent plus du coté des chargés de comptes de l’autre coté. C’est la période la plus stressante : les RSPs ne veulent pas changer leur ERE pour quelques millions à cause de modifications d’exogènes, le chargé de compte veut que son compte comporte le moins d’erreurs possible et n’a pas forcément conscience qu’un simple modification peut avoir des conséquences pour les 30 RSPs qui sont en aval.

Dans ce contexte, les synthèses (partielles, c’est à dire uniquement la chaîne EREs-TEI-CPR, ou complètes, c’est à dire celles qui incluent le PSB, le PAC et plus généralement le TEE) sont très fréquentes et doivent être toujours analysées pour vérifier que les modifications que font les uns et les autres vont bien « dans le sens de l’arbitrage » ou dans le sens d’une correction d’erreur justifiée. Dans tous les cas, les modifications d’EREs sont faites par les RSPs en accord avec la SBS, il faut donc bien vérifier que ce qui est passé correspond bien à ce qui avait été convenu : chaque comptable est un peu « dans son coin » ; tout le monde se tourne vers le responsable de la synthèse, il est très facile de se tromper ou de laisser passer des corrections qui ne sont pas attendues. Parallèlement les synthèses du TEE permettent de détecter des écarts entre EREs et comptes des secteurs : il faut analyser leur cause au plus vite (ou bien c’est l’ERE qui ne respecte pas l’exogène, et il faut demander au RSP pourquoi, ou bien le compte de secteur a été modifié mais le chargé de compte n’a pas renvoyé son exogène, à ce moment là il faut le prévenir). Plus la cohérence TES/TEE est bonne tôt, moins la fin de compte risque de réserver des surprises désagréables.

 

6/ La réunion d’arbitrage

La seconde réunion  a lieu à une dizaine de jours de la clôture du compte. Son objectif est de définitivement fixer le PIB en valeur (la première réunion ne le fixait que grossièrement) et de régler le sort du PIB en volume. Elle est également l’occasion de rappeler aux derniers récalcitrants les décalages qui persistent encore. En ce sens, si la première réunion était plutôt une réunion de concertation, la seconde est plutôt « répressive ». A l’issue de cette réunion, les dernières modifications sont prises en compte (dernières modifications de stocks ou de FBCF, fixation de cases dans le TEI lorsqu’il n’a pas été possible de régler l’effet ligne ou l’effet colonne d’une autre manière etc.). Une attention toute particulière est portée sur les comptes de production, leur partage volume/prix, l’évolution de la VA en volume, branche par branche.

 

7/ Le bouclage final

 

Après la réunion d’arbitrage les RSPs sollicités ont trois ou quatre jours pour modifier leurs EREs en conséquence. Il faut donner lors de la réunion la date de clôture des EREs, c’est à dire la date après laquelle toute modification dans les EREs ne sera plus acceptée, sauf à la demande de la synthèse. Le jour de la clôture, au moment de la synthèse des EREs HTV, il faut absolument tout vérifier, les exogènes, les calages, les cohérences comptables, avant de poursuivre. Dès qu’une anomalie se présente, immédiatement appeler le responsable et lui demander de se caler dans les plus brefs délais. S’il n’est pas là, modifier soi-même les chiffres. C’est l’un des seuls moments ou la synthèse peut à peu près tout se permettre. Dès que les EREs HTV sont validés, on peut calculer chaque tableau (le TEI calé sur SIE recalé sur EREs, les EREs HTD, les CPRs), en prenant toujours garde à ce que tout soit bien cohérent. Une fois que le TES est définitivement terminé, on peut passer la main aux comptes de secteur et au TEE qui font finir leur propre synthèse dans les deux derniers jours : il ne reste plus qu’à prier pour que dans les colonnes d’écarts du dernier fichier de contrôle fait par le responsable de la synthèse du TEE, il n’y ait que des zéros. Si ce n’est pas le cas, il faut tour recommencer.

Pour une année donnée, il existe plusieurs versions du compte, qui varie selon la disponibilité des sources qui sont mobilisées. Par exemple pour avoir accès à la source fiscale sur les entreprises, il faut en moyenne un an et demi entre la fin de l’année et la livraison des données par branche de la section PAC-CENF. Ceci explique que le compte définitif de l’année n ne peut sortir effectivement qu’au cours de l’année n+2. Cependant, on se rend bien compte que mis à part les économistes qui veulent faire des séries temporelles ou les statisticiens qui voudraient travailler sur des données structurelles, ce délai apparaît bien trop long pour l’utilisateur moyen. C’est pour cela qu’il existe deux autres « versions » du compte, une version  « provisoire » à n+ 6 mois et une version «semi définitive » à n+1 an qui sont établies à partir d’informations partielles (indicateurs, sources non retraitées etc.) afin de pouvoir publier des données plus vite, et avec un intervalle de confiance minimisé.

 

 

 

 

 

 

 

VII – EXEMPLE DE LA MÉTHODE EN FRANCE : DONNÉES DE BASE

On présente les données de base, puis le calcul de la production, puis l’élaboration des ERE et enfin du TES.

Pour une année donnée, il existe plusieurs versions du compte, qui varie selon la disponibilité des sources qui sont mobilisées. Par exemple pour avoir accès à la source fiscale sur les entreprises, il faut en moyenne un an et demi entre la fin de l’année et la livraison des données par branche des responsables des comptes d’entreprises. Ceci explique que le compte définitif de l’année n ne peut sortir effectivement qu’au cours de l’année n+2. Cependant, on se rend bien compte que mis à part les économistes qui veulent faire des séries temporelles ou les statisticiens qui voudraient travailler sur des données structurelles, ce délai apparaît bien trop long pour l’utilisateur moyen. C’est pour cela qu’il existe deux autres « versions » du compte, une version  « provisoire » à n+ 6 mois et une version «semi définitive » à n+1 an qui sont établies à partir d’informations partielles (indicateurs, sources non retraitées etc.) afin de pouvoir publier des données plus vite, et avec un intervalle de confiance minimisé.

 

Le tableau excel suivant décompose étape par étape l’élaboration des ERE et du TES pour l’année (n) à partir de ceux de l’année (n-1) et des données de l’année (n). Ces étapes sont présentés de manière plus détaillée dans la suite du texte.

 

Tableau 5 – TES méthode française

1/ Les données des enquêtes auprès des entreprises

Elles donnent le chiffre d’affaires (CA) des secteurs par branches; il faudra établir le passage du CA à la production. On présente les données de base, puis le calcul de la production puis l’élaboration des ERE et enfin du TES. On part de l’année (n-1) pour faire les compte de l’année (n).

Les enquêtes fournissent des renseignements complémentaires :

– sous – traitance industrielle (154) et dans la construction (42)

– livraisons non vendues (à l’intérieur de l’industrie) : 92

– variation des stocks de produits industriels finis : -2

– la valeur des bâtiments détenus par les promoteurs augmente de 1 entre l’année N‑1 et N.

– la Compagnie des Chemins de fer nationaux a réalisé pour son propre compte des travaux publics dont le coût est évalué à 7

 

2/ L’étude spécifique de la branche agriculture donne les indications suivantes :

  – augmentation de la production :

en volume : + 3,7 %; en prix : + 4,3 %

  – augmentation des livraisons :

en volume : + 0,9 %; en prix : + 4,1 %

– augmentation du cheptel laitier l’année N : 4 (en valeur et en prix n-1)

 – le vin est un produit de la branche agriculture, à transférer en produit des I.A.A.. Valeur année n-1 : 44. L’année N, + 6,0 % en volume et l’indice de prix + 5,0 %.

– l’État verse une subvention aux agriculteurs, supposée proportionnelle aux livraisons.

 

3/ Les APU :

on suppose qu’il n’existe qu’un niveau APU, l’État (y compris les hôpitaux), constitué des services administratifs, de la sécurité sociale et d’arsenaux

– un budget général pour les services administratifs (qui comprend une branche « routes ») et la Sécurité sociale.

Ventes résiduelles : 12 de biens industriels, 97 de services. Elles ont subi au cours de l’année N une revalorisation parallèle au prix moyen de production.

 

 

* L’augmentation moyenne du prix des achats de biens et services par les services administratifs est supposée de +3 %. La grille indiciaire des salaires des fonctionnaires a été réévaluée de 3,5 % en moyenne.

* la consommation de capital fixe de la branche non marchande est évaluée à 150 en valeur, 146 en volume.

* les dépenses du budget général incluent celles du Service des Routes : le coût des gros travaux routiers réalisés par ce service sont de 10 pour l’année n (5 de salaires, 5 de produits industriels).

* les produits énergétiques supportent une taxe versée à l’État par les producteurs, l’État a perçu 44 l’année N.

4/ consommations d’énergie (T4)

5/ indice d’évolution de la consommation des ménages (T5)

6/ relevés de prix de détail (T6)

7/ données du commerce extérieur (T7)

 

On suppose que l’évolution des prix des services non marchands identique à celle des services marchands.

L’évolution du prix de la FBCF en biens industriels est de + 2,5 %.

Les relevés de prix à la production : Industrie + 3,3 %, construction + 4,0 ; services marchands + 4,6 %.

On prend comme indice de prix des variations de stocks producteurs d’un produit, les indices de prix à la production de ce produit. On prend comme indice de prix des variations de stocks utilisateurs ou commerces d’un produit, les indices de prix des CI de ce produit.

 

8/ Données complémentaires

* La part des services immobilisés dans le total de la FBCF reste constante.

* Faute d’information, on fait l’hypothèse, dans un premier temps, que la variation de stocks de produits industriels chez les utilisateurs et les commerçants est nulle.

* Dans le Compte satellite de la Santé, on apprend que la sécurité sociale a remboursé des médicaments pour 49 (hors TVA) aux ménages.

Informations en provenance des comptes de secteurs. Pour la résolution des « effets ligne» (à utiliser dans un deuxième temps : avant l’équilibrage du TEI).

Un arbitrage concernant la FBCF en volume est effectué entre les évaluations issues des ERE et celles issues des comptabilités des différentes unités institutionnelles. On dispose ainsi de deux évaluations de la FBCF totale, qui sont confrontées. Le résultat de l’arbitrage après cette confrontation mène au résultat suivant :

Par ailleurs, les évolutions technologiques mènent à une baisse des coefficients techniques des produits de l’industrie et le développement des services entraîne une augmentation des coefficients techniques des produits des services. Le Responsable « secteur produit» des services estime aussi que l’évaluation initiale de la consommation des ménages est trop faible. Ces informations vont permettre des arbitrages qui conduiront à un TES équilibré, par la résolution des « effets lignes ».

 

 

 

 

 

VIII – CALCUL DE LA PRODUCTION

On part des données précédentes, en particulier de la matrice secteur – branche.

 

 

La méthode utilisée est différente pour l’agriculture : la production de l’année (N-1) est le point de départ du calcul ; il suffit de lui appliquer l’indice de volume, puis l’indice de prix fournis par les statistiques agricoles pour obtenir la valeur de N.

 

La production de services non-marchands est la somme des coûts.

 

 

 

 

IX – ÉLABORATION DES ERE

1/ Agriculture

Production branche et produit : calculées à l’étape précédente.

Imports et exports de produits agricoles, valeurs N et indices de prix : source: douanes.

CI , source énoncé :

année N aux prix N : 359 = 91+241+19+8

année N aux prix N-1 : 349 = 89+234+18+8 ;

Consommation des ménages, sources :

– statistiques de consommation des ménages : indice de volume;

– indices de prix : indice de prix de détail des produits agricoles.

FBCF, source : statistiques agricoles, augmentation du cheptel en valeur et en volume.

Variations de stocks « producteur »: source : augmentation des livraisons en volume et en prix.

Les livraisons sont un équivalent des ventes, on peut donc écrire : livraisons = production du produit – variations de stocks producteur. On utilise alors les augmentations des livraisons en volume et en prix, pour calculer les variations de stocks producteur en valeur et en volume par simple soustraction.

Les Subventions sur produits agricoles sont versées par l’État et sont proportionnelles aux ventes. On calcule donc d’abord les subventions en volume en multipliant -28 par l’indice de volume des ventes (les livraisons), soit 100,9 puis en valeur de l’année (n) en multipliant le volume par l’indice de prix des ventes (104,1).

Les marges évoluent comme les emplois sur lesquels elles portent.

Les droits de douane sont proportionnels aux importations.

L’équilibre se solde sur le calcul des variations de stocks utilisateurs.

 

 

2/ Énergie

Importations et exportations valeurs et indices de prix, source : statistiques douanières.

Consommations intermédiaires:

CI de la branche agriculture : elle est donnée, en valeur et en prix par les statistiques agricoles ;

CI de l’administration : elle est donnée, en valeur par la Comptabilité Publique, on obtient la valeur au prix N-1 en divisant la valeur N par des l’indice de prix de détail des produits de l’énergie ;

CI hors agriculture et administration : les statistiques de l’énergie permettent de calculer pour chaque branche un indice de volume, en comparant les consommations en MTEP d ‘une année à l’autre, un indice de prix par lecture directe [9]. Ces indices sont appliqués aux CI de l’année (N-1).

On obtient :

A ce stade, tous les emplois sont connus, on peut calculer le total des emplois en valeur et en volume, et le reporter du côté des ressources.

hypothèse : les marges évoluent comme les emplois sur lesquels elles portent.

Impôts sur les produits énergétiques : La valeur (N) est donnée par l’énoncé : 44

En valeur, on dispose maintenant de toutes les informations pour calculer la production :

Production 396 = Total ressources 627

– Marges sur CI – 32

– Marges sur dépense de consommation – 44

– Impôts sur les produits énergétiques – 44

– Importations – 111

Calcul de la production en volume : puisque les impôts sont proportionnels à la production, les deux ont le même indice de volume. On calcule donc la somme “ Production + Impôts sur les produits énergétiques ” :

* directement pour l’année (N-1) : 366 + 41 = 407

* indirectement pour l’année (N) par l’équation : Production + Impôts sur les produits énergétiques =

Total ressources 588 – marges sur consommation – 42 – Marges sur CI – 29 – Importations – 92 = 425.

L’indice de volume de la production et des taxes est donc de : 425 / 407 = 104,4.

 

 

 

3/ Industrie

Importations et exportations valeurs et indices de prix, source : statistiques douanières.

 Sous-traitance (consommation intermédiaire) : Pour le montant N au prix N, source : Enquête Annuelle d’Entreprises ; indice de prix égal à celui de la production.

Dépense de consommation des ménages en produits industriels : statistiques de consommation

Dépense de consommation des APU en produits industriels

Valeur : remboursements hors TVA de médicaments par la sécurité sociale = 49, Compte Satellite de la Santé.

Volume : indice de prix de détail des produits industriels, source : prix de détail.

Variations de stocks « producteurs » : calculée à l’étape précédente.

Hypothèses générales : les taux de marges sont constants ; les droits de douane sont proportionnels aux importations. On peut donc calculer, les droits de douane, les marges de commerce sur la consommation (des ménages et des APU), ainsi que les marges sur exports.

En première approche, on suppose que les stocks utilisateurs sont nuls.

A ce stade, il reste à calculer : 1/ la CI et sa marge, 2/ la FBCF et sa marge.

Pour cela, on établit un ERE “ hors marges de CI et FBCF ”, à partir des éléments dont on dispose, en supposant le taux de marge sur les dépenses de consommation finale constant.

 

ERE en valeur de l’année N :

Il s’obtient à partir de l‘ERE en volume en appliquant l’indice de prix pour la FBCF : 102,5. La marge en valeur s’en déduit en supposant les taux de marges égaux. La CI hors marges vient ensuite, c’est la différence entre les postes connus des ressources (tous sauf les marges sur CI) (4991+37=5028) et les emplois en valeur hors CI (3127), soit 1901. Connaissant la CI hors marges, on en déduit les marges sur CI et la CI en supposant le taux de marge constant. Marge sur CI = 293*1901/1823 = 306.

 

 

 

4/ Construction

Production branche et produit : calculées à l’étape précédente.

Consommation des ménages en produits de la construction :

évolution en valeur : 106,8 ; source : statistiques de consommation des ménages.

évolution des prix de détail : 103,5 ; source : relevés de prix de détail.

Sous-traitance (consommation intermédiaire) : montant donné dans l’énoncé ;

Consommations intermédiaires et FBCF : la somme des deux est calculée par différence entre le total des ressources et les emplois connus. Hypothèse pour une première version de l’ERE :la clé de partage entre CI et FBCF est celle de l’année N-1 en valeur ; cette clé est utilisée dans le partage en volume et en valeur.

 

 

5/ Services marchands

Production branche et produit : calculées à l’étape précédente.

Importations et exportations valeurs et indices de prix, source : statistiques douanières.

Consommation des ménages : Sources : statistiques de consommation des ménages

FBCF en « services » : Hypothèse : la part en « services » de la FBCF est constante.

Calcul de cette part à partir du TES (N-1) = 88/(3+446+546+88)=88/1083. A ce moment du calcul, la FBCF des autres produits est arrêtée, dans l’ordre : agriculture, industrie, et BTP. On a donc : FBCF services marchands en volume année N (FvolN) est telle que :

FvolN/(4+460+570+FvolN)=88/1083

FvolN/(1034+FvolN) = 88/1083

1083 * FvolN – 88 * FvolN =1034*88 —–> FvolN = 91

De même, FBCF services marchands en valeur année N (FvalN) est telle que  :

FvalN/(4+472+592+FvalN)=88/1083

FvalN/(1068+FvalN) = 88/1083

1083FvalN-88FvalN=1068*88 —–> FvalN = 94

Les consommations intermédiaires se déduisent par solde

.

 

 

6/ Services non marchands

Consommation finale des ménages : ce sont les paiements partiels : en valeur, source : budget général de l’année N ; en volume : indice de prix de la consommation de services marchands.

La consommation finale des APU s’en déduit par solde.

 

 

 

 

X – TES DE L’ANNÉE N

 

Le TES de l’année précédente (n-1) est supposé connu.

 

On estime dans un premier temps le TES en volume de l’année n. L’évaluation de la CI se fait à partir de l’hypothèse que le coefficient technique ne change pas de l’année N-1 à l’année N. Ainsi, on multiple 1 367 par l’indice de volume de la production de l’industrie, égal à 3 213/3 144. Le problème est qu’avec ce calcul, l’effet ligne n’est pas toujours inclus dans l’intervalle [- 2 %, + 2  %]. On l’a inscrit dans le tableau en valeur mais en fait il est aussi calculé en volume. Par exemple, pour les services marchands, l’effet ligne est égal à 1 559/1 618 = 0.963. Nous verrons que cet effet ligne a été supprimé à partir de la base 2000 car il est calculé depuis, une fois le calage en colonne sur la CI des comptes des entreprises. On y adjoint aussi les cases fixées de l’agriculture, de l’énergie et des services non marchands (en grisé dans le tableau suivant). La colonne et la ligne agriculture sont fixées à partir des données du RICA [10].

Pour obtenir le TES en valeur, il faut multiplier les CI en volume par les indices de prix des CI de chaque case du TEI (hors les cases fixées) de manière à se caler sur les CI en valeur des ERE (1° version). On obtient le TES suivant. On obtient un premier TES en valeur.

On calcule des « effets lignes » dits « base 95 » car c’étaient ceux estimés en base 95. Depuis la base 2000, les effets lignes comparent les CI des ERE aux CI projetées mais de plus calées sur les CI de la donnée d’entreprise.

A ce stade, on obtient le PIB selon deux approches :

L’approche « demande » (celle des équilibres -ressources-emplois) : le niveau du PIB est de 5670.

L’approche « production » (celle de la projection des coefficients) : le niveau du PIB est de 5716.

En fait, le principe à partir de la base 2000 est de faire converger le niveau du PIB vers celui de la troisième approche , celle par revenu des secteurs institutionnels. Pour cela, on doit se caler sur la valeur ajoutée des secteurs institutionnels, notamment des SNF-EI puisque le calage est déjà assuré pour les autres secteurs institutionnels, (données exogènes). Le calage de la valeur ajoutée sur celle des SNF-EI revient à caler les CI puisque la production est déjà calée.

On suppose dans cet exemple qu’on connaît déjà le PIB selon l’approche revenu, soit 5688. C’est vers lui que doivent tendre les deux calculs du PIB des approches « production » et « demande ».

Du coté des ERE, l’écart étant de 18 (milliards = 5688 – 5670) entre l’approche demande et l’approche revenu au niveau de l’ensemble de l’économie, les changements doivent d’abord porter sur les emplois finals en ciblant certains produits où on peut modifier la consommation finale des ménages (consommation commercialisable, ou consommation finale des services), voire aussi la FBCF, dans certains cas limités les variations de stock.

Du coté de l’approche production, l’écart sur le PIB entre les deux approches est à ce stade de – 28 (milliard = 5688 – 5716). Comme la production est inchangée, c’est qu’il faut se caler sur la CI du SIE – PAC (ESANE depuis la base 2010) et que l’écart est dans l’autre sens de 28 milliards : la CI du SIE PAC est supérieure de 28 à celle calculée à partir de l’approche production.

L’étape 4 de calage sur la CI du SIE PAC (à présent ESANE – PAC) est résumé dans le tableau suivant.

Ce tableau se décompose en 3 blocs :

le 1° bloc (à gauche) regroupe les TEI par secteur d’activité (mis à part l’agriculture et les services non marchands) et avec au-dessus la matrice de production branche en ligne * secteur en colonne

Le bloc du milieu regroupe les TEI par branches avec la matrice des coefficients techniques issus de l’étape précédente (produit * branche).

Le bloc à droite regroupe les matrices de production qui servent aux calculs des 2 autres blocs.

1/ Dans un premier temps, on multiplie le TEI des SNF- EI (produit * branche) (hors branche agriculture et services non marchands qui sont considérées dans l’exemple numérique comme des CI d’autres secteurs institutionnels, ménages pour l’agriculture, APU pour les services non marchands) par la matrice de production « branche en ligne * secteur d’activité en colonne ». On obtient une matrice des CI produit en ligne secteur d’activité en colonne. Le total des CI peut être alors confronté à la CI issu du SIE- PAC donnée comme un exogène. Par exemple, pour l’industrie la CI calculée est de 2 077 contre 2 096 dans le SIE PAC. Au total, l’écart entre les deux CI est de 29. L’hypothèse sous jacente est celle de technologie branche. Elle signifie que la combinaison des inputs et des outputs dépend de la branche et pas du secteur.

2/ Pour estimer l’écart en branche, et non plus en secteur d’activité, on multiplie le vecteur de cet écart (1 ligne, 5 colonnes) par l’inverse de la matrice de production (2 matrices à droite) secteur d’activité en ligne, branche en colonne. On obtient un vecteur (1 ligne, 5 colonnes) des écarts qu’il faudra rajouter à l’ancien TEI précède ment estimé. Par exemple pour la branche industrie, il faudra rajouter 20 (3 ° vecteur à droite) à la CI précédente (2 196), soit 2 216 en arrondissant (En fait la CI de la branche industrie est supérieure car il faut aussi ajouter la CI de produits agricoles par la branche industrie qui est une case fixée : dans l’exemple numérique 241), soit au total 2457 = 2216 + 241.On obtient donc des nouvelles CI par branche dont le total est de 4 006. Ainsi ce qui est observé l’est en secteurs. Pour le transcrire en branches, il faut donc inverser la matrice de structure branches-secteurs. Pour éviter des calculs complexes et hors bureautique, on utilise le développement limité à l’ordre 1, au prix de quelques itérations :

(I – X)-1 = I + X + o(X).

3/ On estime ensuite les CI par branche à l’intérieur du TEI en répartissant le nouveau total au prorata des CI de l’ancien TEI hors cases fixées. Par exemple pour la nouvelle de CI de l’industrie * industrie, elle est égale à 1470 = 1 456 + 20* 1456/(2196 – 101) où 101est la CI de l’énergie qui est fixée. Au final, on obtient un nouveau TEI en valeur par branche (2 ° matrice dans la colonne du milieu).

4/ En dernière étape on estime un nouveau TEI par secteur d’activité (3 matrices à gauche) calé sur le SIE – PAC. Celui ci est obtenu en multipliant le nouveau TEI par branche (produit en ligne, branches en colonne) par la transposée de la structure de la matrice de production (branche en ligne, secteur d’activité en colonne, où le total des lignes est égal à 1) (dernière matrice la plus à droite). On peut vérifier que le total des CI ainsi obtenues, est calé sur les CI du SIE – PAC (4006 dans l’exemple numérique).

 

Étape 4 , 5 : Suppression de l’« EFFET COLONNE » (explication du tableau précédent)

Quand on multiplie la matrice des coefficients techniques (produit en ligne, branche en colonne) par la matrice de production (branche en ligne, secteurs d’activité en colonne), on obtient une matrice CI par secteurs d’activité en colonne. Ainsi il est possible de comparer le total de CI par secteurs d’activité au total de CI du SIE – PAC (ESANE après la base 2000). Il y a une différence : 29 au total. La méthode consiste ensuite à estimer l’écart qu’il faudra ajouter aux CI par branche de l’ancien TEI pour obtenir des nouveaux totaux de CI par branche. Ainsi on ajoute 20, qui est l’effet-colonne de la branche industrie, à la CI de la branche industrie pour atteindre le niveau de 2 216 (hors CI de produits agricoles) au lieu de 2 196 dans l’ancien TEI (tableau du milieu de la seconde colonne). On répartit le nouveau total au prorata des cases de l’ancien TEI hors cases fixées pour obtenir au final un TEI par branche, matrice en bleu du milieu.

On note que le total par branche est le même que le total par secteur d’activité (4006). Au final, on obtient ainsi une CI totale calée sur celle du SIE – PAC de 4873 (y compris la CI des branches exogènes). A ce stade, le niveau du PIB de l’approche production est calée sur le niveau du PIB de l’approche revenu, à peu de chose près, soit 5688. En revanche, le PIB selon l’approche demande n’a pas été modifié. C’est l’étape ultime qui consiste d’une part à se caler sur le niveau du PIB des approches production et revenu et du même coup à réduire les effets lignes.

 

Étape 6 : réduction de l’ « EFFET LIGNE » et calage de l’approche demande sur les 2 autres.

Il convient de réduire les effets lignes et de se rapprocher du niveau du PIB de 5688, soit +18 par rapport à l’approche demande. Par exemple dans les services marchands l’effet ligne est de 1699 / 1647, soit 1,031. On peut le réduire en modifiant le montant de CI de l’ERE donc le montant d’un emploi final, ici la consommation finale des ménages (+52). De même, pour l’industrie, on décide de baisser la consommation des ménages de – 25. Pour la construction, on baisse la FBCF de – 9, soit au final une hausse des emplois finals de 19. Le nouveau montant 583, divisé par l’indice de prix (1,039) donne 561 en volume soit un niveau assez proche de celui de l’énoncé, 563.

Au final, le PIB est de 5688 selon les 3 approches en ayant modifié les emplois finals

On note que dans la pratique les effets colonnes ne sont pas annulés comme dans cet exemple mais réduits sensiblement.

 

 

 

 

 

 

Michel Braibant


BIBLIOGRAPHIE

 

[1] La synthèse du tableau entrées-sorties en année courante – Base 2000 [archive], Note méthodologique n° 13, INSEE, juillet 2008, M. Braibant et C. Pilarski

[2] Sources de données et méthodes d’arbitrage des comptes nationaux des États membres de l’UE, B. Newson, 10 ° colloque de l’ACN, Insee, janvier 2004, https://www.insee.fr/fr/information/2586367

[3] L’intégration des statistiques d’entreprises dans les comptes nationaux français : perspectives pour la base 2000, F. Magnien, 10 ° colloque de l’ACN, Insee, janvier 2004 https://www.insee.fr/fr/information/2586367

[4] Le tableau « entrées –sorties », Base 95, S. Bourrel, note de base de l’Insee, 1er octobre 1999.

[5] Élaboration du tableau des « entrées intermédiaires » (TEI), pour les années de base 2000 (années de base 1999 et 2000), note de base n°1, M. Braibant, Insee

[6]  méthodologie comparée de comparaison entre les consommations intermédiaires de source fiscale et de comptabilité nationale, JP Berthier, C. Jaulent , Document de travail G2001 /12, https://www.epsilon.insee.fr/jspui/handle/1/5598

[7] La synthèse des biens et services, Le tableau des entrées sorties, A-J. Bessone, atelier de comptabilité nationale, Mai 2011, Insee

[8] Fiche méthodologique de la base 2005 des comptes nationaux, Le passage secteur-branche dans la Base 2005, Mai 2011, file:///C:/Users/pc/Downloads/passage_secteurs_branches_dans_la_base2005_Mai2011%20(2).pdf

[9] EACEI (enquête annuelle sur les consommations d’énergie par l’industrie) pour l’énergie :  SESSI, https://www.insee.fr/fr/metadonnees/source/serie/s1214

[10] données du RICA (Réseau d’information comptable agricole) pour les cases fixées de l’agriculture, https://www.casd.eu/source/reseau-dinformation-comptable-agricole/

Tableau entrées-sorties mondial (T.E.S.)